Episode

Épisode 43 : Anaïs – Retour O Péyi des natifs guadeloupéens.

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Pour nous écouter 


Je suis très heureuse d’accueillir Anaïs Seytor pour parler de son mémoire de Master 2 en sociologie « Ceux qui restent et ceux qui rentrent…Entre processus de sédentarisation en France Hexagonale et de retour « o péyi » des natifs et natives guadeloupéennes ».

Mon invitée a réalisé ce travail sous la direction de Monsieur Camille François, maitre de conférences en sociologie à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne.


Résumé

Dans cet épisode, Anaïs Seytor explore les trajectoires contrastées des Guadeloupéen·nes qui choisissent de rester en Hexagone ou de retourner « o péyi ». Elle revient d’abord sur son propre parcours, les racines de sa recherche, et la perte progressive de population dans les territoires d’outre mer due aux migrations.

Son travail de mémoire de M2, centré cette fois sur les personnes actives, prolonge une réflexion amorcée dès son M1 sur les étudiant·es originaires de l’île. Elle y interroge comment le séjour en métropole façonne les aspirations, les appartenances et les choix de vie des natifs et natives guadeloupéens.

À travers un riche détour historique – de l’esclavage à la départementalisation de 1946, en passant par la création du BUMIDOM dans les années 60 – Anaïs retrace la longue histoire migratoire de la Guadeloupe, entre exil contraint et stratégie familiale.

Elle analyse aussi la manière dont les individus maintiennent leur « guadeloupéanité » depuis la métropole, entre retours systématiques pendant les vacances, liens familiaux, pratiques culturelles comme le Gwoka, ou encore engagement dans des associations antillo-guyanaises. Vivre en France, dit-elle, c’est aussi découvrir sa propre altérité – et se confronter à un racisme plus visible que depuis l’île.

Anaïs questionne le « devoir du retour », souvent vécu comme une vocation dans certaines familles, et les stratégies mises en place dès les études pour permettre une réinsertion professionnelle locale. Elle aborde aussi les obstacles nombreux : marché du travail restreint, déclassement, reconversion coûteuse… et les dilemmes spécifiques liés au couple ou à la parentalité lors du retour.

En filigrane, l’épisode interroge la part d’autonomisme dans ces trajectoires, le poids de l’histoire coloniale, les formes de racisme en Guadeloupe même, et la quête de reconnaissance des compétences acquises en métropole.

Enfin, Anaïs partage ce que cette recherche a changé pour elle, dans son propre rapport au retour, et évoque ses envies de prolonger cette réflexion en doctorat.


Chapitrage

  • 00 min 00 : Présentation, parcours en sociologie et choix du sujet : contexte personnel et question du retour au pays va se poser / la Guadeloupe perd des habitants à cause des migrations -Un premier mémoire en M1 sur les étudiants, ce mémoire de M2 sur les actifs
  • 10 min 26 : problématique : comment le séjour dans l’hexagone transforme ou consolide les dispositions sociales de natifs et natives guadeloupéens et les conduit à choisir de construire leurs vies en Guadeloupe, leur terre d’origine ou alors en France hexagonale, leur territoire d’accueil.
  • 11min 59 : petit topo historique et politique sur la Guadeloupe / la France depuis le 17 -ème siècle ; esclavage aboli puis réinstauré. Colonie jusqu’à mars 1946 / loi de départementalisation puis les DROM compétences transférés aux territoires Guadeloupe: terre de migration : békés, esclaves, indiens, congo, syrio-libanais, … phénomène de l’ »engagisme »
  • 18 min 20 : depuis quand on quitte la Guadeloupe pour travailler ? Au 19 -ème siècle migration d’élite étudiante comme Camille Mortenol / Le Paris Noir avec les sœurs Nardal, Aimé Césaire, Leopold Sédar Senghor, Démocratisation de l’avion dans les années 60 / création du BUMIDOM
  • 20 min 16 : rôle du BUMIDOM – création suite à la crise sucrière pour contrer le chômage et remplacer les gens dans les administrations suite aux indépendance (Algérie, Maroc …)
  • 31 min : comment, une fois en métropole garde t’on le lien avec sa « guadeloupéanité » et avec sa famille ? les nouvelles technologies et la question des retours pendant les vacances- Quand la décision de revenir est déjà décidée, il y a un retour systématique pendant les vacances pour maintenir leur place dans leur société et retour long – ne pas se mettre volontairement en position de touristes ou de vacanciers.
  • 37 min 08 : appréhender une nouvelle vie / nous sommes tous français mais pas le même rythme de vie / valeur / façon de vivre. Créer du lien avec la diaspora – grande importance du tissu associatif antillo-guyanais / pratique du Gwoka / Difficulté à créer du lien avec des français métropolitains, il est plus facile de rester entre soi – venir en France c’est découvrir qu’on est différent.
  • 42 min 30 : perception du racisme depuis la Guadeloupe vs depuis la France : plus de la xénophobie vis-à-vis des haïtiens / colorisme
  • 44 min 48 : sortir de l’image du doudouisme – l’esclavage et Napoléon
  • 49 min 08 : une vraie stratégie d’étude est mise en place pour étudier dans un domaine qui permettra de revenir et de s’installer facilement dans le monde du travail en Guadeloupe – le devoir du retour : comme une vocation : pour des familles de socialisation particulière très attaché a la « guadeloupeanité »
  • 53 min : des velléités indépendantistes ? – plus autonomiste
  • 55 min 40 : comment appréhende t’on le marché du travail en Guadeloupe ? peur du déclassement / vie chère ou alors tremplin professionnel et valorisation de l’expérience en métropole. Importance d’avoir entretenu des liens via des stages avec le marché du travail. Sacrifice car doit changer de métier parfois
  • 1 h 02 : retour au pays, couple et parentalité : parcours plus hétérogène / grand investissement de la famille auprès de ceux qui ont décidé de rentrer en Guadeloupe / Pas d’équivalent professionnel en Guadeloupe – énorme cout de reconversion- Question de migration urbaine – de trop grand sacrifices ont été fait pour quitter la Guadeloupe pour se tirer une balle dans le pied en y revenant – crainte de déclassement social et professionnel
  • 1h12min : dans quel mesure cette étude a fait réfléchir mon invitée, guadeloupéenne sur son propre parcours et son futur choix de rentrer en Guadeloupe ? – son histoire familiale marquée par le retour
  • 1h19 min : la recherche et la vie après le M2 – apprendre à faire de la recherche et ne pas influer sur les réponses des personnes interviewées / Avoir une personne ressource pendant la recherche ! big up a Clara
  • 1h31 min 13 : un doctorat ?
  • 1h32 : des questions encore à traiter ? la question du racisme en Guadeloupe dans le monde professionnel privé et Reconnaissance aussi des compétences acquises en métropole

Ressources complémentaires

 

 

  • Abdouni, E., & Fabre, S. (2012). 365 000 Domiens vivent en métropole. INSEE Première, 1389, Article 1389. https://www.insee.fr/fr/statistiques/1281122
  • Beaugendre, C., Breton, D., & Marie, C.-V. (2016). « Faire famille à distance » chez les natifs des Antilles et de La Réunion: Recherches familiales, n° 13(1), 35‑52.
  • Breton, D., Condon, S., Marie, C.-V., & Temporal, F. (2009). Les départements d’Outre-Mer face aux défis du vieillissement démographique et des migrations: Population & Sociétés, N° 460(9), 1‑4.
  • Célestine, A., & Wuhl, L. (2005). Comment peut-on être Antillais hors des Antilles ? Hommes & migrations, 1256(1), 76‑88.
  • Condon, S. (1996). Les migrants antillais en métropole : Un espace de vie transatlantique. Espace, populations, sociétés, 14(2), 513‑520.
  • Daniel, J. (2002). « L’espace politique aux Antilles françaises », Ethnologie française, 32 (4)
  • Haddad, M. (2018). L’effet d’une politique d’État sur les migrations DOM-métropole. Les enseignements des recensements de 1962 à 1999 | Cairn.info. Population, 73, 191 à 224.
  • Jedlicki, F. (2021). Aller plus loin : La fabrique familiale de la mobilité socio-spatiale. Formation emploi, 155, 53‑73.
  • Laffort, B. (2005). Le mythe du retour. Hommes & Migrations, 1253(1), 105‑116.
  • Marie, C.-V. (2005). Le cinquième dom : Mythe et réalités. Pouvoirs, 113(2), Article 2. Cairn.info.
  • Marie, C.-V., Breton, D., Floury, É., Crouzet, M., Chanteur, B., & Salibekyan-Rosain, Z. (2023). Migrations, Famille et Vieillissement en Guadeloupe. Premiers résultats de l’enquête MFV-2, Aubervilliers : Ined., 22‑22.
  • Oublié, J., & Rousseau, M.-A. (2017). Péyi an nou. Steinkis.
  • Pattieu, S. (2016). Un traitement spécifique des migrations d’outre-mer : Le BUMIDOM (1963-1982) et ses ambiguïtés. Politix, 116(4), 81‑113
  • Pattieu, S. (2018). Migrants citoyens, migrants vacanciers : Les voyages-vacances du BUMIDOM, 1965-1980. Genèses, n° 111(2), 70‑91.

Extraits

 

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