Tiffen se destinait à la profession de commissaire de police avant de laisser tomber l’idée – et le droit – et de se tourner vers les sciences politiques pour son doctorat.

D’abord intéressée par le sujet des mineurs radicalisés, elle doit, face au manque de sources de première main (accessibles), réorienter son travail sur la propagande de l’État Islamique et la réaction de la justice française face à ce phénomène nouveaux qui vise à recruter, convaincre et ancrer l’adhésion vers un potentiel passage à l’acte.

Dans le sillage du groupe djihadiste État Islamique, un discours de propagande à la fois sophistiqué, violent et séduisant, pluri-supports et plurilingue, a investi largement le web 2.0, pour recruter des partisans partout dans le monde, et terroriser les ennemis de l’organisation. Face aux chiffres des départs de français vers la zone irako-syrienne, puis à la vague d’attentats sur le territoire, le droit pénal a dû s’adapter dans l’urgence pour endiguer ce phénomène relativement nouveau.

La thèse de Tiffen se penche sur la question de la compréhension du terme propagande, et de sa réappropriation par l’organisation terroriste djihadiste État Islamique.

Tiffen a, dans sa thèse, cherché à établir une meilleure compréhension de ce discours, de ses acteurs et de son succès pour terroriser et recruter, afin de comprendre comment la réponse pénale s’est construite en opposition.

Le droit tente d’endiguer ce discours par la prévention et la sanction, en créant et durcissant les infractions relatives à la consultation et à la diffusion de la propagande djihadiste, et la justice l’utilise pour condamner les aspirants djihadistes.

Tiffen s’interroge de fait sur l’apport de la justice à la construction de ce que la doctrine appelle un droit pénal de l’ennemi.

A cause de l’émergence d’un discours violent, le droit pénal est poussé à se saisir dans l’urgence d’un phénomène nouveau en s’appuyant sur un versant avant tout sécuritaire et punitif, préférant placer la sanction en amont de l’infraction ( délit de consultation habituelle / délit de recel d’apologie ).

Il apparait que la justice et le droit vont lutter mais aussi utiliser la propagande : on va lutter en créant de nouvelles infractions en lien avec la propagande et sa consultation, sa diffusion, et durcir l’infraction d’apologie du terrorisme. On va également utiliser la propagande à des fins de condamnation durant les procès : consulter et / ou relayer de la propagande devient un élément à charge et aussi une infraction à part entière.